Un couple d’une soixante d’année et leur fille enceinte de 8 mois arrivent alors chez Betty et Philippe. Rapidement, Tania accoucha et la maison accueillit alors le petit Lubomyr (« celui qui aime la paix »). Dans cette précipitation, la grande chaîne de la solidarité se mit en action à Chécy et alentour. Entre leurs amis, les voisins, le service des solidarités locales de la ville, M. le Maire, M. le Député ou encore le DRH du Burger King, tous auront permis aux quatre membres de la famille de vivre ces moments intenses émotionnellement dans les meilleures conditions qui soient.
Après avoir été hébergés gracieusement dans le gîte municipal (dont ils payaient les charges) puis dans un logement social à Chécy, tous sont repartis en Ukraine depuis le mois d’avril. Il est impossible pour un couple de retraités ukrainiens de vivre en France (le montant de la retraite de Volodomyr et Irina s’éleve à 200 euros par mois, à deux). Tania, elle, a souhaité se rapprocher de son mari, mobilisé depuis février 2022. À ce jour, elle a trouvé un appartement à l’ouest de l’Ukraine, à 40 km de chez ses beaux-parents et à 40 km de la frontière roumaine, en cas d’alerte. Tania a d’ailleurs fait la visite virtuelle de son nouveau lieu de vie à Betty. Régulièrement, l’accueillante et l’accueillie se contactent. Elles font des visios à deux, à cinq… et également avec leurs voisins, la famille Aubailly. Devenus leurs amis désormais, ils avaient accueilli Olga, la belle-sœur de Tania, arrivée avec ses deux enfants en bas âge (Stepan, alors âgé de 2 ans et Arina, âgée de seulement 2 mois).
L’Histoire malheureuse a scellé des liens forts entre tous ces protagonistes. Chacun a su dépasser la barrière de la langue, se remonter les manches et faire appel à la solidarité humaine. Il faut dire que, en plus de tout l’accompagnement (administratif, médical, scolaire ou de recherche d’emploi…), les Bidolet sont allés les chercher à Strasbourg ou les ont ramenés en Pologne par leurs propres moyens. Il fallait que le papa puisse faire la connaissance de son fils nouveau-né ! Betty nous confie
J’ai seulement fait ce que j’aurais aimé que l’on fasse pour moi dans les mêmes circonstances.
*Les populations ukrainiennes n’ont pas le statut de « réfugiés » mais celui de « déplacés ». Ce statut, qui leur est spécifique, est valable jusqu’en février 2025 seulement.